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10 décembre 2020

La réutilisation de l’emballage papier carton

Les discussions sont nombreuses tant au niveau français, autour des textes d’application de la loi économie circulaire, qu’au niveau européen dans les discussions sur le green deal, sur l’utilité de l’emballage et le meilleur modèle à promouvoir.

La réutilisation est alors présentée comme le modèle le plus vertueux au motif qu’il permet d’économiser les ressources. Souvent cette réutilisation n’est envisagée que sous l’angle de la réutilisation de l’emballage.

Cependant, pour optimiser l’usage des ressources, le secteur du papier carton s’appuie sur un autre modèle de réutilisation, particulièrement efficace.

L’optimisation de l’usage de la ressource

Il existe une réelle demande pour des modes de production efficace et surtout économe en ressources.

Du point de vue environnemental, optimiser l’usage d’une ressource consiste d’abord à minimiser les quantités utilisées pour remplir la fonction pour laquelle la ressource a été extraite (ici servir d’emballage), puis à maximiser sa durée de vie utile (c’est-à-dire lorsqu’elle remplit effectivement une fonction), tout en en diminuant les impacts environnementaux. Pour comparer les deux systèmes, il faut considérer que :

Pour ce qui est de l’économie de ressource, les exigences d’écoconception induisent une certaine sobriété d’usage de la matière et elles sont identiques pour tous les emballages (à usage unique ou non). Dans le secteur du carton ondulé, on peut d’ailleurs noter que le poids moyen de celui-ci a diminué de plus de 10% en 20 ans à caractéristiques techniques équivalentes.

La maximisation de la vie utile de la ressource n’est, elle, pas unique. Elle peut se faire soit par la durée de son utilisation, soit par sa réutilisation afin d’allonger la durée d’usage initiale. Il existe alors deux solutions : avec ou sans transformation. C’est à dire qu’on peut réutiliser l’objet ou que l’on peut récupérer la matière qui le constitue pour fabriquer un autre objet (ici un autre emballage).

Pour ce dernier modèle, le carton ondulé est le matériau idéal : Il est renouvelable, recyclable et effectivement recyclé. Le taux de recyclage des emballages papier carton atteint l’excellent chiffre de 95%, et le carton ondulé contient en moyenne 88% de fibre recyclée. En France, 9 emballages en carton ondulé sur 10 sont recyclés et transformés en nouveaux emballages dans un véritable système de réutilisation. Ainsi, la fibre de cellulose, qui est notre matière première, biosourcée, renouvelable, et sans conflit d’usage alimentaire, sera réutilisée 8 fois en moyenne ! Donc, même si les emballages en carton ondulé sont souvent caractérisés comme des emballages perdus ou jetables, ils font en fait eux aussi partie d’un véritable système de réutilisation de sa matière, dans une boucle quasiment fermée.

Avant de déterminer quel modèle de réutilisation est le plus vertueux, il convient donc de faire une comparaison sur la base des impacts environnementaux que génère chaque système, pendant la durée de vie de la matière.

Une comparaison multifactorielle qui ne permet pas un classement a priori

Il est assez évident que le premier critère de comparaison entre les deux systèmes s’établit au niveau du nombre de réutilisations. Ce taux est de plus fortement impacté selon les taux de casses, pertes ou vols dans les deux systèmes, qui obligeront au remplacement des manquants.

Mais il existe de nombreux autres paramètres moins facilement appréhendables qui peuvent fortement faire varier les impacts environnementaux. Le modèle de réutilisation de la matière via le recyclage présente alors de nombreux avantages qui permettent de remettre en cause l’idée préconçue que la réutilisation de l’emballage lui-même est forcément la solution la moins impactante :

  • La réutilisation de la matière permet de s’adapter au plus juste à tous les produits à emballer: Du fait de sa grande adaptabilité, l’emballage en carton est conçu sur-mesure à chacune de ses utilisations. Il est donc toujours adapté au produit à emballer (optimisation de la quantité de matière utilisée) mais aussi à ses caractéristiques techniques (fragilité, contact alimentaire, …), aux moyens de transport (afin d’optimiser les chargements par exemple) et aux modes de distribution. Ceci permettra notamment d’éviter un vide inutile dans l’emballage.
  • La réutilisation de la matière peut permettre de réduire les transports: les lieux de fabrication sont souvent éloignés des lieux de consommation. La réutilisation de l’emballage suppose donc un retour de ce dernier sur le lieu de production d’un produit pour lequel cet emballage est adapté. Ceci génère des transports importants, surtout lorsque l’emballage est très spécialisé, sans compter le passage dans un lieu de lavage ou de réparation entre deux utilisations, selon leur répartition sur le territoire.

Dans le cas du recyclage des papiers cartons, le retour de l’emballage vers une unité de recyclage et la transformation de sa matière va permettre de l’orienter vers l’usage le plus proche afin de minimiser les couts de transport, puisque cet usage ne sera pas limité par les caractéristiques d’un emballage préexistant. Cet avantage devient essentiel si on envisage la mondialisation des échanges de biens, puisque le papier carton est recyclé et fabriqué dans le monde entier.

  • Le process de réutilisation de la matière a des impacts environnementaux qui doivent être comparés à ceux de la préparation au réemploi: Par exemple, le lavage des emballages réutilisables peut être plus impactant en termes d’utilisation d’eau que le recyclage, selon les systèmes de lavage utilisés, sans compter que les eaux rejetées n’ont pas les mêmes qualités ni les mêmes impacts sur les systèmes de retraitement des eaux potables. Pour chaque impact, une mesure précise doit être faite.
  • La réutilisation de la matière ne nécessite pas ou peu de stock outil: une chaîne logistique qui repose sur la réutilisation d’emballages implique la fabrication et la mise en circulation d’un stock d’emballages plus important et dans tous les cas plus conséquents que le nombre d’emballages qui est effectivement utilisé pour conditionner des produits à un moment donné. Ceci est dû au fait que pendant que certains emballages sont utilisés pour le conditionnement des produits, d’autres sont dans des stations de lavage : réparation ou en cours d’acheminement vers des lieux de conditionnements. Le nombre d’emballages nécessaires dépend donc de l’efficacité de la chaine logistique mise en œuvre. La non-spécialisation de l’emballage dans le cadre de la réutilisation de la matière diminue de façon importante ce besoin de stock outil.
  • La réutilisation de la matière n’impose pas la destruction d’emballage en cas de changement de standard: Dans ce cas, les impacts d’un système de réutilisation de l’emballage dépendront de sa capacité à recycler la matière utilisée.

Il est donc particulièrement important, pour déterminer quel système de réutilisation, objet ou matière, est meilleur que l’autre sur le plan environnemental, de comparer pour chaque systèmes ces nombreux paramètres que sont la distance de la logistique retour, les taux de pertes, le nombre total de réutilisation, la méthode de lavage, la taille du stock outil …

C’est pour cette raison que même si une hiérarchie entre les deux systèmes de réutilisation existe dans les textes réglementaires européens, il est spécifié qu’elle peut être remise en cause s’il est démontré que le recyclage a moins d’impacts environnementaux.

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