Notre activité, traditionnellement peu médiatisée, montre son caractère stratégique en période de crise. Contrairement à la plupart des usines françaises, à l’arrêt depuis l’annonce par le président de la République de la mise en place du confinement le 16 mars dernier, les entreprises de la filière carton ondulé ont continué à produire des emballages essentiels aux chaines de distribution de biens essentiels comme les produits agro-alimentaires, d’hygiène et de santé.
20% d’absentéisme
Le premier défi auquel ont été confrontées les entreprises a évidemment été de mettre en place les mesures de protection de leurs salariés. Si le télétravail a pu être mis en place pour une catégorie de personnel, il était impossible pour la production.
Les gestes barrières, comme la distanciation sociale et l’utilisation de gel hydro-alcoolique, ont été adoptés dès le début de la pandémie. Les visites à l’intérieur de l’enceinte des usines ont été limitées et l’accueil des chauffeurs a été adapté. La mise en place de zones isolées ont par exemple permis de faciliter les opérations de désinfections et le roulement des équipes ont été modifiées afin d’éviter les croisements. Le manque cruel de masques a pu se faire sentir au début mais est aujourd’hui proche d’être solutionné dans toutes les usines.
Au final, les salariés du secteur se sont largement mobilisés pour remplir leurs missions malgré le stress généré par cette crise, et le taux d’absentéisme, dû aux personnes malades, fragiles ou devant garder leurs enfants, s’est stabilisé autour de 20 / 25 % selon les sites. Ils font eux aussi partie de ces héros de la seconde ligne !
Continuité de la production et adaptabilité
En ce qui concerne la production, les quinze premiers jours ont été intenses. Les demandes du secteur agro-alimentaire, qui est le premier débouché de notre secteur, mais également du secteur de l’hygiène, ont connu une hausse de 20 %, voire parfois plus 30 %, qui s’explique principalement par plusieurs phénomènes :
- Le comportement des Français dans les magasins, qui ont massivement stocké,
- La fermeture des restaurants, qui entraîne mécaniquement une augmentation de la consommation (alimentaire) vers des produits emballés,vendus en grande distribution,
- Un effet stock de la part des industriels, qui souhaitent anticiper d’éventuels problèmes logistiques de livraison.
Dans le secteur des fruits et légumes, par exemple, ces phénomènes ont d’abord privilégié des produits comme la pomme de terre, puis se sont étendus aux autres productions nationales, car les français font plus de repas à la maison, mais on aussi plus de temps pour cuisiner des produits frais. Les fabricants de plateaux ont donc dû faire preuve de souplesse et de réactivité pour livrer très rapidement et réaffecter les livraisons en fonction des besoins et des disponibilités.
À cela s’est évidemment ajouté une demande soutenue du secteur de la santé ainsi que du e-commerce et du drive, canal de distribution vers lesquels se sont retournés en masse les français. Il a fallu faire preuve d’une adaptabilité importante car les flux se sont avérés assez hachés et extrêmement variables d’un jour sur l’autre.
Après cette première période d’adaptation, les choses se sont aujourd’hui stabilisées. L’agroalimentaire et les biens de première nécessité continuent de commander des cartons, mais la vague de stockage des consommateurs est passée et le rythme est redevenu plus normal. Le volume de production devrait être stable, voire déficitaire au cours de la deuxième quinzaine d’avril.
Cette hausse n’a cependant pas été suffisamment importante pour compenser la baisse de la demande des secteurs à l’arrêt, comme l’automobile, l’électronique ou la chimie. À ce jour, les usines fonctionnent en moyenne à 90%. Les secteurs de l’agroalimentaire, de la pharmacie et de l’ e-commerce continuent de légèrement tirer la demande avec des hausses de 10 à 20 % par rapport à la normale, mais on peut estimer à 10 à 15 % la baisse totale des volumes produits. La situation est évolutive, certains secteurs fermés parlent de reprendre une activité, la consommation des ménages s’assagit et un déconfinement a été annoncé pour la mi-mai.