La transition écologique est devenue, à juste titre, une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Elle a suscité des lois et règlements divers ces dernières années dont l’objectif est, notamment, de développer l’économie circulaire et de favoriser le réemploi. Toutefois, elle suscite des prises de parole, parfois radicales, émanant de parties-prenantes directement concernées, qui pensent utile de nier la vérité afin de développer leur chiffre d’affaires.
Le papier-carton est ainsi la cible de certains acteurs du débat public qui ont une fâcheuse tendance à tordre la vérité quand leurs arguments sont fragiles, faibles sur le plan scientifique et disons-le, économiquement loin d’être démontrés.
Afin de créer un brouillard dans le but de masquer leurs propres insuffisances, ils lancent des chiffres erronés, fondés sur des études douteuses, ils créent des amalgames et proposent des concepts fumeux …
Nous peinons à comprendre leurs motivations profondes.
En effet, le réemploi est sans aucun doute une voie à développer pour réduire l’impact environnemental des emballages. Hélas, il ne constitue pas une solution adaptée à tous les cas. Loin de là.
Mais est-ce vraiment une faiblesse ? En réalité, il serait plus simple et vrai d’admettre que le réemploi, pas plus que le recyclage, n’est LA solution.
Il est une solution parmi d’autres.
Un langage de vérité imposerait de reconnaître que le taux de recyclage du papier carton est de 89%, allant jusqu’à 97% pour ses utilisations industrielles et commerciales. L’efficience de la filière de recyclage du carton place d’ailleurs la France 10 ans en avance sur les objectifs européens. C’est un fait.
Un langage de vérité imposerait de reconnaître que la filière industrielle de l’emballage papier-carton emploie 50 000 salariés, répartis sur 650 sites industriels, au cœur des territoires de France et que ses emplois sont non-délocalisables. Ses PME et groupes de dimension nationale ou internationale génèrent un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros. Ce sont des faits.
Un langage de vérité imposerait, enfin, de reconnaître que la filière est une actrice historique de l’économie circulaire et qu’elle n’a jamais attendu des lois pour s’engager dans ce domaine. En trente ans, l’industrie papetière a fortement réduit son empreinte environnementale, elle a diminué sa consommation d’eau de 50% et ses rejets dans l’eau de 75%. 64% de la chaleur qu’elle consomme est d’origine renouvelable. Le poids moyen du carton ondulé au m2 a diminué de 15 % en 20 ans, pour un service égal. Ces résultats sont les fruits d’efforts constants en recherche et développement, car le souci de l’impact environnemental est dans l’ADN de cette industrie. Encore un fait.
Ces chiffres et données sont vérifiées et vérifiables. Notre réalité industrielle et notre engagement au service de l’économie-circulaire sont irréfutables.
L’attention à l’environnement mérite mieux que des débats futiles et des chiffres alambiqués. Elle devrait nous imposer, à nous tous en tant qu’acteurs industriels responsables, de proposer une réflexion à la hauteur des enjeux et des défis collectifs qui sont face à nous.
À notre modeste niveau c’est ce que nous proposons en publiant l’ouvrage « Réemployer des mots de vérité » . Il n’ambitionne pas de répondre à toutes les questions. Il déconstruit certains a priori et certaines idées reçus assénés depuis plusieurs mois, sans que les industriels ne puissent vraiment répondre.
Il fait le choix de l’éthique et de la transparence. Il ose porter un message de nuance.
Espérons que ces valeurs prospèrent en 2025, le débat public en a besoin.
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« Réemployer des mots de vérité – 11 vérités pour poser le débat – 5 nuances plus vertes que grises – 14 légendes urbaines pour stopper la confusion » lien : https://www.cartononduledefrance.org/lettre-eco-circulaire/
Certaines publications reprochent à l’emballage papier carton de ne pas être réglementé pour le contact alimentaire, faute d’avoir, comme pour le plastique un règlement européen spécifique. Or c’est méconnaitre les mécanismes de la réglementation européenne et française. S’il n’existe pas de règlement d’application harmonisé, les règles ne sont pas moins strictes et il n’y a aucune raison de penser que cela est de nature à jeter le doute sur la sûreté des emballages papier carton au contact des aliments.
La sécurité des emballages destinés à entrer au contact des aliments est régie par les règlements 1935/2004 et 2023/2006. Ils sont alors soumis à une obligation de résultat dont le principe est l’inertie du matériau : il ne doit pas y avoir de transfert de substances vers l’aliment susceptible de présenter un danger pour la santé humaine, d’entrainer une modification inacceptable de la composition de l’aliment ou d’entrainer une altération de ses caractères organoleptiques (saveur, odeur, aspect, consistance). Ces règlements imposent au fabricant une analyse des dangers et une évaluation des risques, l’emballage devant être adapté aux types d’aliments et à la vie du produit emballé. Le recyclé est soumis bien entendu à la même exigence d’inertie et de ce fait, il fait l’objet de contrôles plus nombreux. Le fabricant est tenu de délivrer une déclaration de conformité qui engage sa responsabilité.
En France, la DGCCRF a également diffusé des documents qui sont des aides aux industriels pour démontrer la conformité de leur produit. Cela consiste en une fiche générale relative à la réglementation et de fiches spécifiques par matériau. Ce sont des textes de référence, non réglementaires, mais écrits par l’organisme qui exerce le contrôle. Il est donc de fait nécessaire de les respecter.
– La fiche générale reprend le règlement 1935/2004 et le principe d’inertie. Elle détaille les méthodes d’analyse à utiliser, précise les principes d’établissement de la déclaration de conformité.
– Les fiches par matériau, et en particulier la fiche « papier-carton » est beaucoup plus précise. Elle définit les critères d’aptitude selon le type de fibres (vierges, recyclées, synthétiques), les critères globaux et spécifiques d’inertie (limites de migration, méthodes de tests…) et le type d’aliment et les conditions d’utilisation (contact sec, gras, humide…). Cette fiche définit également les critères d’aptitude pour les fibres recyclées en détaillant des bonnes pratiques de fabrication et d’utilisation du recyclé, et des critères d’inertie spécifiques. Elle définit aussi des restrictions.
La réglementation sur les matériaux au contact des aliments est donc assez complexe et elle existe effectivement pour les emballages papier carton. Les entreprises de la filière papier carton, conscients des enjeux, travaillent activement au respect de cette réglementation, notamment au sein du club MCAS, pour analyser les besoins client et élaborer des positions, constituer des BDD, mener des programmes de R&D et élaborer des outils d’analyse et un guide de bonne pratique.
Nous constatons chaque jour que le dogmatisme et le militantisme s’immiscent partout, y compris dans le « journalisme d’investigation ». La diffusion récente d’un reportage sur l’emballage papier carton recourant à des procédés grossiers de manipulation des informations en est une nouvelle démonstration. Ces procédés récurrents de l’écologisme politique sont dénoncés de façon claire et documentée dans le dernier opus de Geraldine Woessner « les illusionnistes ». Nous y sommes confrontés tous les jours et dans de nombreux domaines.
Tout le monde s’accorde sur le fait que les enjeux du réchauffement climatique sont d’envergure et que nous devons tous travailler à les relever. La gestion des déchets est à ce titre un sujet important : avant de devenir déchet, des ressources, renouvelables ou non, ont été extraites et transformées afin de fabriquer des objets. Or il est majoritairement admis que cette étape d’extraction et de transformation des ressources est la plus impactante sur l’environnement. Pour diminuer ces impacts, on cherche logiquement à diminuer la quantité de déchets produits, conséquence directe de notre niveau de consommation.
Suivant ce raisonnement, on en vient assez rapidement à ce vieil adage « le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ». CQFD. S’il n’y a pas de déchet, il n’y a pas de ressource consommée.
Dans le secteur de l’emballage, plusieurs solutions sont envisagées : réduire la quantité d’emballages utilisés ou augmenter la durée d’utilisation des matériaux. Écoconception, vrac, réemploi, recyclage… Les solutions sont multiples et s’adaptent chacune le mieux possible aux exigences nombreuses et protéiformes de conservation des produits emballés, de gestion des chaines logistiques, d’adaptation aux canaux de distribution et d’ajustement aux besoins des organisations industrielles, ceci afin de limiter les impacts de l’emballage tout en conservant un nécessaire équilibre économique et surtout en limitant le gaspillage de produits, eux aussi constitués de ressources extraites et transformées, à l’impact environnemental conséquent. On le comprend donc assez rapidement : les problématiques sont complexes.
Or pour répondre à la problématique des déchets, on cherche à imposer des choix simplistes et dogmatiques. Pour supprimer l’emballage, il « suffit de » favoriser la vente en vrac (or le vrac ne supprime pas l’emballage et tous les produits ne sont pas compatibles avec ce mode de distribution), pour ne pas les retrouver dans les déchets, il « suffit de » ne pas les jeter et de les réemployer (or le recyclage est une forme de réutilisation de la matière, avec des impacts environnementaux à comparer avec ceux de la logistique retour et du lavage des emballages réemployables).
De nombreuses analyses expertes, dont notamment des analyses de cycle de vie, ont été menées et montrent que les meilleures solutions à appliquer dépendent très intimement des caractères spécifiques de chaque produit, de sa chaine de fabrication et de distribution et du comportement du consommateur. Pourtant la démonstration scientifique est rarement écoutée, au motif qu’elle est trop spécifique et souvent complexe.
Demain, si nous nous bornons à appliquer ces recettes toutes faites, nous ne pourrons que constater que le but n’a pas été atteint et regretter les dégâts collatéraux sur nos industries. Il est de notre responsabilité, même si nous avons du mal à nous faire entendre, de continuer à expliquer la complexité de notre secteur et les solutions qu’il propose.
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